Les Kayan, connus pour leurs longs cous ornés d’anneaux de laiton, habitent les montagnes du nord de la Thaïlande. Les femmes de cette tribu perpétuent une tradition aussi captivante que polémique. Cet article se penche sur l’histoire et la vie quotidienne des célèbres « femmes girafes » de Thaïlande.
Qui sont les femmes girafes en Thaïlande ?
Les célèbres « femmes girafes » appartiennent à la tribu des Kayan Lahwi, également appelés Kayan au long cou, le groupe le plus important du peuple Kayan. Ce dernier constitue lui-même un sous-groupe des Karens rouges (Karenni), une minorité ethnique d’origine tibéto-birmane provenant du Myanmar (Birmanie). Leur population totale ne dépasse pas 200 000 personnes, principalement réparties dans les États de Kayan et de Shan au Myanmar.
Les Kayan Lahwi actuellement établis en Thaïlande ne sont pas des habitants natifs du pays. Ils ont traversé la frontière depuis le Myanmar pour chercher refuge. Le terme « Padaung » est parfois utilisé pour les désigner, mais il est perçu comme offensant par les membres de la tribu. Ce mot, d’origine Shan, servait autrefois à ridiculiser les femmes Kayan. Ils préfèrent donc être appelés Kayan.
Histoire de la tribu Kayan au long cou en Thaïlande
Au cours de la fin des années 1980 et du début des années 1990, les conflits armés contre le régime militaire au Myanmar et les persécutions politiques ont incité un grand nombre d’habitants des tribus Kayan à se réfugier vers la frontière thaïlandaise. Ils ont pris place dans les zones montagneuses du nord de la Thaïlande, surtout dans la province de Mae Hong Son, où des refuges pour réfugiés ont été crées.
Le premier village Kayan au long cou en Thaïlande est Huay Pu Keng, situé au bord de la rivière Pai. Avec l’augmentation de la population, les Kayan ont ensuite été déplacés vers deux autres villages : Huay Sua Tao, devenu un site touristique autosuffisant facilement accessible par la route, et Bann Nai Soi, un village plus isolé, directement lié au camp de réfugiés et dont l’accès nécessite une autorisation spéciale du gouvernement thaïlandais.
Costume de port des colliers des femmes girafes
L’apparence unique des femmes girafes est reconnue, caractérisée par un cou qui paraît large et recouvert d’un collier-spirale en laiton. À la différence des préjugés, leur cou ne dépasse pas le seuil habituel. En fait, c’est le poids constant des colliers métalliques qui réduit les épaules et comprime les côtes, créant de ce fait l’impression d’un cou prolongé. Cette parure est complétée par des bagues en laiton par quelques femmes.
Les filles commencent à porter le collier dès l’âge de 5 ans. Chaque année, elles passent à une spirale plus longue, avec plus d’anneaux ajoutés. Bien qu’il n’y ait pas de nombre fixe, le Livre Guinness des records indique que certaines femmes peuvent porter jusqu’à 30 anneaux, atteignant un poids total de 15kg. En pratique, peu de femmes portent l’ensemble complet. Pour éviter les irritations cutanées, elles placent souvent un morceau de tissu sous le collier.
Traditionnellement, les femmes girafes n’enlèvent leurs colliers que dans des cas exceptionnels : pour changer la spirale, lors d’un accouchement ou d’un examen médical. Les femmes ayant commis une faute grave et exclues de la communauté sont également privées de leur collier. Pour les nettoyer, elles s’immergent généralement dans de l’eau infusée d’herbes médicinales.
De nos jours, l’usage du collier est devenu moins rigoureux et se base surtout sur une décision personnelle. Dès leur adulteur, les femmes girafes peuvent choisir si elles les portent ou non. Beaucoup de jeunes filles ont décidé d’abandonner cette coutume, alors que la génération plus âgée, habituée depuis son enfance, continue de suivre ce rituel.
Finalement, à la différence d’un mythe courant, les femmes Kayan ont le pouvoir de retirer leurs colliers sans provoquer une effondrement de leur cou. Toutefois, la peau devient plus vulnérable au fil du temps et sans le collier, on peut se sentir dévoilées et exposées. C’est pour cette raison que de nombreux individus ont choisi de les garder.
Pourquoi les femmes girafes portent-elles ces colliers ?
Il est si ancienne que la détermination précise de son origine est complexe. Toutefois, diverses théories spirituelles et culturelles cherchent à comprendre pourquoi les femmes girafes arborent des colliers en laiton non seulement autour du cou, mais aussi autour de leurs bras.
D’après une tradition populaire, ces colliers seraient destinés à défendre les organes vitaux contre les morsures de tigres. Cette défense est tant matérielle (les tigres sont abondants dans les jungles habitées par les tribus) que spirituelle, consolidant un sentiment de protection mystérieuse face aux forces malveillantes.
Une autre théorie suggère que les colliers avaient pour but de décourager la traite des êtres humains. L’apparence unique des femmes Kayan les rendait moins attrayantes pour les ravisseurs issus de tribus ennemies ou d’envahisseurs.
Il existe également une croyance selon laquelle les Kayan descendraient du dragon, une créature mythologique puissante. Les colliers, en allongeant le cou et les membres, permettraient aux femmes de ressembler davantage à cette bête légendaire et d’honorer leur héritage mythologique.
Enfin, l’esthétique joue un rôle central dans cette tradition. Un cou long et élancé est perçu comme un signe de beauté et de grâce au sein de la culture Kayan. Aujourd’hui, lorsque les femmes girafes sont interrogées à ce sujet, elles mentionnent souvent que le port des colliers est avant tout une marque d’identité culturelle et une expression de leur beauté traditionnelle.
Où se trouvent les villages des Kayen en Thaïlande ?
Il faut différencier 2 types de villages des Kayans au long cou en Thaïlande : les villages touristiques et les villages locaux.
Villages touristiques
Les villages touristiques sont installés par des autorités ou des hommes d’affaires pour attirer les voyageurs étrangers. On trouve des villages de ce genre à Chiang Rai, à Chiang Mai et même, avant le Covid, à Pattaya. Il y a des rangées d’échoppes où les femmes girafes vendent leurs produits artisanaux et des souvenirs. Si vous n’avez pas de temps ou de moyens, la visite d’un village touristique est votre meilleure option. Le droit d’entrée d’un village coûte 300 bahts par personne.
Situé à Nang Lae, le village de Chiang Rai est formé par la fusion des 5 groupes montagnards Akha, Iu Mien, Lahu, Kayan et Kayaw. On dirait qu’il est commercialisé, car c’est une station prisée entre Chiang Rai et Chiang Mai.
Deux villages se trouvent à Chiang Mai : Mae Rim et Mae Taeng. Seulement 30 minutes au nord de Chiang Mai séparent ces villages. Le village le plus important nommé Baan Tong Luang est actuellement clos en raison du Covid-19.
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Villages locaux
Par contre, si vous souhaitez faire l’expérience de la vie authentique des Kayan au long cou, vous devez aller dans un village local. Il y a 3 villages à Mae Hong Son, près de la frontière, où les premiers réfugiés sont arrivés en Thaïlande. À l’exception de Baan Nai Soi, les deux autres villages sont accessibles aux visiteurs.
Huay Pu Keng occupe la première place parmi les villages Kayan de la province. Situé sur le littoral de la rivière Pai, il est uniquement navigable. Pour atteindre cet endroit, il est nécessaire de se rendre d’abord à l’embarcadère de Huai Dua avant de vous diriger vers Huay Pu Keng (ou Baan Nam Piang Din comme le désignent les Thaïlandais). Un navire est capable de transporter 6 individus de dimension européenne. Le trajet jusqu’à la destination prend environ 30 minutes, tandis que le retour prend 600 bahts. Attention, si la rivière est trop basse ou trop haute, il est impossible de la traverser.
Comme dans tous les autres villages de Kayan en Thaïlande, le coût d’entrée est fixé à 250 bahts. Des échoppes de souvenirs se trouvent également à la porte du village. Cependant, ne soyez pas décourageé, une fois que vous les traverserez toutes, vous découvrirez le véritable endroit où la tribu vit chaque jour. On y observe des hommes travaillant la menuiserie, des femmes qui tissent, des enfants qui se divertissent et des animaux qui flânent.
Un autre choix serait le village de Baan Sua Tao, qui est en service depuis 1995. Il est moins grand que Huay Pu Keng et a plutôt l’apparence d’un marché touristique. Cependant, ce village se situe à 12 km du centre-ville et est facilement accessible par la route.
Faut-il visiter les villages des femmes girafes
La question de visiter les villages des femmes girafes au long cou est un sujet controversé, soulevant des débats éthiques et sociaux.
Un dilemme éthique
- Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qualifie ces villages de « zoos humains » et encourage un boycottage touristique pour éviter de soutenir une industrie qui exploite la culture et les traditions des Kayan.
- Toutefois, certains reportages et témoignages des villageois eux-mêmes montrent une autre perspective : les Kayan invitent les touristes à venir les visiter, car cela leur permet de générer un revenu vital.
Une réalité complexe
- Les Kayan sont des réfugiés du Myanmar et ne peuvent ni obtenir la nationalité thaïlandaise, ni se déplacer librement dans le pays.
- L’accès à l’emploi légal est quasiment impossible, ce qui limite fortement leurs perspectives d’avenir.
- Les villages touristiques représentent souvent leur seule source de revenus, grâce à la vente d’artisanat local et aux droits d’entrée payés par les visiteurs.
L’impact de la pandémie de Covid-19
- Lorsque le tourisme s’est arrêté pendant la pandémie, les Kayan ont été gravement affectés économiquement.
- Beaucoup se sont tournés vers l’agriculture, des emplois précaires mal rémunérés ou ont même retourné au Myanmar, malgré le contexte instable sous le régime militaire (junta).
- Avec le retour des touristes, les Kayan retrouvent une stabilité financière relative en réintégrant leurs villages touristiques.
Visiter un village Kayan peut offrir une expérience humaine et culturelle profondément enrichissante, mais cela nécessite une approche respectueuse et éthique. Voici quelques conseils essentiels :
Choisissez un village local plutôt qu’un site trop commercialisé pour une immersion plus authentique.
Privilégiez les échanges sincères avec les habitants, écoutez leurs histoires et montrez du respect pour leur culture.
Soutenez l’économie locale en achetant directement leurs produits artisanaux faits main.
Évitez les comportements intrusifs, notamment les photos non sollicitées ou les attitudes de voyeurisme.
En somme, une visite réfléchie et responsable peut non seulement contribuer à améliorer les conditions de vie des Kayan, mais aussi vous offrir une expérience inoubliable et porteuse de sens.
Que faire pour une visite éthique et responsable
Il est primordial de garantir que votre visite profite directement aux habitants du village. Pour ce faire, on nécessite :
- Avant de partir en voyage, effectuez des recherches détaillées pour mieux saisir leur contexte.
- Choisissez une agence de voyage responsable accompagnée d’un guide local capable de vous faire découvrir leur village.
- Accorder du temps aux résidents, discuter avec eux et entendre leurs récits… Ne vous limitez pas à être présent pour capturer une image rapide.
- Étudier leur style de vie, leur culture et leurs métiers d’art. Les Kayan ne sont pas uniquement des longs cou. Les hommes ont la capacité de bâtir des habitations à partir du bois de teck, du bambou et des feuilles. Ils exploitent aussi le bambou dans la production de meubles. Les femmes fabriquent des paniers qui servent par la suite dans les champs ou pour le séchage du riz. Elles possèdent aussi une expertise en matière de tissage et ont la capacité d’élaborer des tissus complexes, qui forment le fondement des habits traditionnels.
- Acheter des articles faits main et des cadeaux. L’argent des échoppes est directement attribué aux habitants du village. Ceci constitue une source de revenus significative pour eux.
- Apporter des cadeaux pour les enfants du village, et, si vous avez du temps, se porter volontaire pour les aider dans le village, par exemple en enseignant aux enfants.
En conclusion, les villages des femmes girafes en Thaïlande représentent bien plus qu’une simple attraction touristique. Derrière les échoppes et les rangées de colliers en cuivre se cache une histoire complexe, marquée par la résilience et le désir de préserver une identité culturelle unique. Les ignorer ne résout pas les défis auxquels ces communautés font face.
Une visite éthique et responsable offre non seulement un soutien financier essentiel aux villageois, mais permet également de créer des liens authentiques et de mieux comprendre une culture fascinante qui lutte pour perdurer malgré les obstacles. Découvrez nos meilleurs circuits en Thaïlande ou contactez-nous dès aujourd’hui pour commencer votre voyage dans les saveurs des fruits de mer Thaïlande !
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J’ai toujours été intrigué par les femmes girafes et leur culture. Cependant, j’hésite à inclure une visite dans mon itinéraire car j’ai entendu parler de controverses autour de leur situation. Pensez-vous qu’il soit éthique de visiter ces villages ? Avez-vous des conseils pour le faire de manière responsable ?
Bonjour M.Soren Chouinard,
Il est effectivement important de visiter ces villages avec respect et en étant conscient des problématiques. Optez pour des tours organisés par des agences qui travaillent en collaboration avec les communautés locales et qui redistribuent une partie des revenus directement aux habitants. Renseignez-vous également sur l’histoire et la culture des femmes girafes avant votre visite, afin d’adopter une approche plus respectueuse et responsable